Du 27 au 31 octobre, première résidence de création autour du Rainforest de David Tudor, une installation sonore d’objets de toutes sortes suspendus mis en vibration par des haut-parleurs et des transducteurs.

Avec Marion Cros, Lê Quan Ninh, Julien Rabin et Emilie Škrijelj

A la fois pour le centenaire de David Tudor et le trentième anniversaire de sa disparition.

L’apport et l’influence que continue d’avoir David Tudor (1926-1996) restent de nous jours sous-estimés. Si on associe son nom à celui de John Cage avec lequel il collabora de très nombreuses années et qui donnera la première de 4’33’’ en 1952, force est de constater que le travail et l’œuvre de David Tudor sont bien moins connus et considérés que ceux de son aîné.

David Tudor s’est d’abord fait connaître en tant que pianiste virtuose, interprète entre autres de la Sonate n°2 (1950) de Pierre Boulez et dédicataire de la Klavierstück VI (1955) de Karlheinz Stockhausen, deux œuvres qu’il était probablement le seul à pouvoir jouer avec précision et brio à cette époque.

Puis il se tourne vers la composition et l’électronique, et spécialement vers ce qu’on appellerait aujourd’hui l’électronique DIY, le hacking et le circuit bending. En effet, il s’intéressera très tôt à confectionner lui-même ces circuits électroniques ou à détourner ceux provenant de différents appareils commerciaux afin de produire un environnement sonore foisonnant et contrasté. On pourrait dire qu’il est probablement l’inventeur dans les années 1960 de l’instrument-atelier : une table sur laquelle est disposé tout un arsenal de circuits, d’appareils et de câbles prêts à toutes sortes de manipulations.

En 1968, il conçoit la première version de Rainforest pour une chorégraphie de Merce Cunningham du même nom. Suivront d’autres versions jusqu’à la quatrième version en 1976 sous la forme d’une installation sonore et visuelle constituée de toutes sortes d’objets de différentes tailles et matériaux suspendus en l’air et servant de résonateurs naturels à des sons qui leur sont envoyés par le biais d’enregistrements ou de sons de synthèse générés en direct. Ainsi, chaque objet devient une sculpture sonore dans l’espace et le public est convié à s’y promener comme il le ferait dans un musée présentant des sculptures visuelles.

Pour réaliser une telle installation, chaque artiste conçoit ses propres sources sonores et la manière dont elle seront mises en résonance dans les objets suspendus. Il s’agit donc d’une œuvre ouverte qui permettent aux artistes qui y participent à la fois de collaborer et de coexister permettant un environnement riche à l’image du foisonnement sonore de la forêt primaire.