Laboratorium – bande annonce / teaser from Ryoanji Asso on Vimeo.
Extraits filmés par Frédérique Ribis dans différents lieux d’Aubusson en novembre 2015.
Laboratorium est une suite de 55 pièces pour 10 musiciens dont l’agencement suit une logique mathématique très simple : 10 solos, 9 duos, 8, trios, 7 quatuors, 6 quintet, 5 sextuors, 4 septuor, 3 octuors, 2 nonettes, 1 tentet.
Vinko Globokar explique en 1984, alors qu’il avait déjà écrit une trentaine des 55 pièces :
«Laboratorium est une œuvre ouverte, un journal de travail dans lequel j’essaie de faire une recherche personnelle. Il y a des thèmes comme par exemple les rapports psychologiques entre les interprètes, les problèmes de capacité de création individuelle d’un musicien, la question de la transformation d’un instrument acoustique en un instrument électronique, comment étendre les techniques de jeu sur les instruments.»
Laboratorium pourrait être comparé à une table de chirurgie sur laquelle toute la machinerie de la pratique musicale serait dévoilée.
L’œuvre est composée comme un labyrinthe où toutes les combinaisons instrumentales possibles sont explorées et mises en relation.
Le thème est rien de moins que l’origine de la musique, la production des sons et les gestes instrumentaux, la relation complexe entre le corps et l’instrument – notamment les éléments théâtraux, vocaux et électroniques.
Parcourir la partition de Laboratorium est une expérience en soi. Une sorte de plongée dans un univers graphique aux airs de jeu de piste énigmatique bourré de symboles et instructions performatives, susceptibles d’exhorter les musiciens à « inventer tout ce qui n’est pas indiqué ». Suite de 55 pièces pour 10 musiciens, écrites de 1973 à 1985, l’oeuvre de Vinko Globokar se décompose selon une logique mathématique : 10 solos, 9 duos, 8 trios, 7 quatuors, 6 quintets, 5 sextuors, 4 septuors, 3 octuors, 2 nonettes puis 2 tutti formant ce corpus incroyable qu’est Laboratorium. Chaque pièce explore des situations particulières qui ont toutes été observées par Vinko Globokar en tant qu’instrumentiste, compositeur et improvisateur. Ces situations sont poussées à l’extrême, parfois jusqu’à l’absurde et l’infaisable, comme autant d’effort prométhéen mais permettant l’émergence d’une conscience collective par l’obligation qui est faite d’être solidaire. Il s’agit d’une remise à plat ludique des gestes des musiciens, de leurs comportements et de leurs stratégies dans laquelle toute habitude est révélée par sa déconstruction même. C’est comme une entreprise salutaire de désenchantement intégral, où l’instrument de musique est un outil par lequel s’exprime une revendication d’être présent coûte que coûte, outil qui peut aussi bien se rendre encombrant que se révéler dans toute sa splendeur.
Le public assiste tour à tour médusé, dubitatif, amusé, exaspéré, charmé, excité, épuisé, etc. à ce laboratoire multiforme d’où se dégage une pensée d’une richesse foisonnante qui malgré l’extraordinaire diversité des 55 propositions laisse entrevoir l’unité intelligente et brillante d’un point de vue singulier, nécessaire et providentiel sur le fait musical et bien au delà.