Manivelles

un spectacle moderne mais débranché

Avec Jéranium, Lê Quan Ninh, Man’hu, Arnaud Paquotte, Xavier Quérel


A l’origine de ce projet, une intention en forme d’intuition sur la possibilité d’un spectacle multimédia déconnecté de la principale source d’énergie nécessaire à ce genre : l’électricité.

Une simple question en forme de boutade : est-ce faisable ?

Et d’autres questions qui surgissent : Quels efforts cela demanderait-il aussi bien dans la conception, la réalisation que dans le déroulement du spectacle ? Ces efforts s’effaceront-ils pour laisser la place à l’écoute et au regard ? Pourrions-nous nous approcher de l’aspect volatile ou massif du son électronique et pourrions-nous approcher de la fluidité de l’image vidéo projetée sans la formidable puissance du flux électrique disponible dans chaque prise de courant ?

Contraints à la métaphore, nous nous sommes efforcés de suivre ce fil conducteur – parfois obligés à quelques déviations du fait de l’extraordinaire logique des matériaux – mais toujours dans l’exigence de revenir à sa source et d’approcher, autant que faire se peut, d’une définition précise des caractères sonores propres à l’électronique et à l’image projetée.

Peu à peu, après de longues semaines de travail, est sorti de notre atelier tout un ensemble de machines sonores et visuelles, au départ imaginées et réalisées dans un but précis mais dont la manipulation révéla bien des surprises menant à d’autres investigations, inventions et découvertes.

Au final, il s’agit bien d’un spectacle fluide sous la forme d’une invitation à l’écoute et au regard où se mêlent sonorités étranges, parfois évocatrices et concrètes, et chatoiements d’ombres et de lumières, pour lesquelles les cinq artistes dénudent chacun de leurs gestes à la fois si précis et si contraints, réunis dans une forme de solidarité obligée et de relais permanent.

Ainsi rivés à la tâche de maintenir le flux d’une électricité absente qu’il faut faire naître – aussi bien réellement (les dynamos) que virtuellement (les machines évocatrices) – les artistes-constructeurs-cyclistes-manipulateurs se révèlent attentifs à l’émergence de la perception, à faire tout entendre (du bruissement d’un objet à la déflagration d’un frottement amplifié par l’effort) et tout montrer d’un cirque rétinien tour à tour clignotant et stable, fragile et affirmé.

Déployés sur le plateau, toutes les machines sonores et visuelles offrent à entendre et voir l’espace (le près, le lointain, le haut, le bas, etc.), en volume, en distance, en nature pour faire naître une interprétation onirique du monde présent.

Co-production Théâtre Jean Lurçat-Scène Nationale d’Aubusson, Centre Culturel André Malraux-Scène Nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy. Avec le soutien de l’ADAMI